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28 novembre 2005

Dragon 1

L’Entraînement Dynamique Personnel (EDP), que j'enseigne à Paris, souligne l’importance du schéma corporel, de la psychomotricité et de la volonté pour atteindre ce que Bruce Lee considérait lui-même comme le seul véritable objectif de l’entraînement : "l’expression honnête de soi même".

S’ENTRAINER COMME UN MAITRE

Commençons d’abord par nous entendre sur la notion d’ « entraînement » en situant le sens de ce mot grâce à une définition reconnue : « Pratique raisonnée de l'exercice, avec une durée et une intensité croissantes, faite dans le but d'accroître l'endurance, la performance ou la résistance physique ou intellectuelle. » [1]  

Les choses étant clairement posées, il va de soi que si vous décidez de consacrer une partie de votre emploi du temps à l’entraînement, il est indispensable que cette démarche soit perçue comme un véritable choix personnel. Une formule de Bruce Lee situe admirablement l’importance de ce choix : « Pendant son entraînement, l’étudiant doit être porté par une énergie, un dynamisme total. » [2] C’est pourquoi nous devons considérer l’entraînement comme une sorte de « sas » temporel, un moment privilégié et précieux, dans lequel on entre pour une durée variable mais (si possible) toujours définie à l’avance. Il semble également préférable de redéfinir ses propres outils d’évaluation en revenant par exemple à des valeurs sûres (quelque fois oubliées ou mal repérées) telles que :

-          la régularité, qui consiste à respecter les rendez-vous pris avec soi-même pour s’entraîner.

-          le dosage, cette forme de sagesse qui nous incite à craindre l‘effort inconsidéré en privilégiant le geste inspiré et équilibré.

-          l’intensité, cette aptitude à vivre pleinement et sans automatisme les postures et les mouvements.

Trop souvent, les élèves des disciplines traditionnelles ne sont en effet pas suffisamment qualifiés ou attentifs pour bénéficier pleinement des cours ou trouver un sens à leur entraînement. De fait, il n’est pas facile de percevoir le lien entre un geste, la parole du maître et son propre ressenti, et l’utilisation d’images, de métaphores ou d’analogies censées favoriser l’assimilation des principes ne suffit pas toujours à maintenir l’assistance en éveil. C’est pourquoi je reste convaincu que seuls les mouvements qui s’adressent à notre corps et à notre intelligence de façon évidente produisent des bienfaits qui se ressentent pleinement.

Se sentir concerné et légitime

Comme l’a fort justement écrit le philosophe Frédéric Paulhan[3] : « Il est assez naturel que l’on appelle « personnel » un acte, une croyance, où la personne entière est intéressée, où la personne entière a pris part. »  C’est pourquoi un entraînement « intelligent » doit se traduire par un niveau d’autonomie manifeste de la part du pratiquant. Ainsi, les trois composantes essentielles que sont  le temps, le corps et le mouvement doivent-elles être privilégiées afin de développer :

-          son sens du timing (esprit de décision, vigilance, éveil, prise d’information),

-          son ressenti corporel (posture, repérage, intensité, etc.)

-          sa dynamique gestuelle (fluidité, dosage de la force, gestion de l’impact personnel, etc.).

Le rôle de tout pratiquant n’est-il pas de se sentir véritablement concerné et légitime dans son projet d’entraînement en développant notamment une certaine qualité de présence, que ce soit à l’égard de son maître, de ses partenaires, des différents exercices, ou même des évènements et rencontres susceptibles de se produire dans la vie quotidienne ? Souvenons-nous de ce passage éclairant du Traité des cinq roues du samouraï Myamoto Musashi : « L’essentiel est que le comportement quotidien devienne comportement de la tactique et que le comportement de la tactique devienne comportement quotidien. »[4] Voilà qui nous invite à considérer toute phase d’entraînement comme une mise en condition permettant de se sentir de plus en plus apte à percevoir les principes de son art.

Au fil du temps, j’ai en effet pu rencontrer des professeurs et pratiquants expérimentés en danse ou en arts martiaux, d’anciens sportifs de haut niveau motivés par l’envie de trouver un second souffle dans leur entraînement, mais aussi des pratiquants occasionnels d’activités sportives ne trouvant pas de réelles satisfactions dans leur discipline, ou même des personnes simplement désorientées ne disposant pas du temps et de la motivation nécessaires pour suivre une activité « encadrée » en club. Toutes ces personnes recherchaient avant tout un moyen de s’entraîner intelligemment pour éprouver cette joie intérieure qui s’empare de vous lorsque les principes d’un art vous sont révélés. C’est pourquoi j’encourage mes élèves à assimiler les exercices comme s’ils devaient plus tard les transmettre à d’autres. Bref, à s’entraîner comme des maîtres. Car loin d’être une démarche prétentieuse et irrespectueuse, cette forme d’engagement personnel s’apparente plutôt à un art de vivre qui nous équilibre à travers le temps et nous libère de nos tensions les plus inhibitrices.

Chronique publiée dans le magazine Dragon, Art de vivre et arts martiaux d'Asie

Par Claude Boiocchi

Coach & consultant

dragon_couvblog1

Pour en savoir plus:

www.entrainement-dynamique.com  

[1] Définition issue du Dictionnaire de médecine physique de rééducation et réadaptation fonctionnelles de KAMENETZ, Herman L. et KAMENETZ, Georgette, Paris, Maloine, 1972, p. 67

[2] Bruce Lee, Tao du Jeet Kune Do, Budostore, p. 16

[3] L’activité mentale et les éléments de l’esprit, Ed. Félix Alcan, 1889, p.164

[4] Myamoto Musashi, Le Traité des Cinq roues, Albin Michel, p.74

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